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Les défis de la relation à soi
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Se responsabiliser de nos émotions
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Notre résistance à prendre nos responsabilités et à en assumer la charge
Les défis de la relation à soi
Le défi de la relation avec soi, comme celle avec les autres, est de rester en contact avec l’émotion désagréable, douloureuse ou la souffrance. Le fait de rester en contact avec ces éléments est souvent confondu avec l’apitoiement, mais il n’en est rien. L’apitoiement est un mécanisme de défense qui coupe le lien de notre responsabilité envers l’émotion ou la souffrance. Nous convaincre et convaincre les autres que ce n’est pas « de notre faute » nous met parfois à l’abri des jugements, nous libère parfois momentanément de sentiment comme la honte ou la culpabilité. Cependant, s’apitoyer et blâmer les autres nous condamne à subir, car en occultant notre responsabilité, nous perdons de vue notre pouvoir personnel.
Rester avec la souffrance c’est cesser de nous en défendre, c’est cesser de tenter de la refouler, de la dénier, de la banaliser, de la dramatiser, de la fuir ou de s’apitoyer sur elle. Rester avec la souffrance c’est prendre un temps pour la ressentir et l’accueillir, pour accepter sa présence, accepter sa réalité, accepter et observer le déclencheur afin de discerner avec objectivité ce qui appartient à la réalité et à l’instant présent de ce qui appartient à notre interprétation, à notre imaginaire, à notre projection du passé sur l’événement. Ensuite, le chemin de conscience menant à l’amour de soi et de l’autre, à la satisfaction de nos besoins, à la relation et à l’action non défensive peut se poursuivre.
Se responsabiliser de nos émotions
La responsabilité est un concept vaste et parfois complexe, il y a plusieurs façons de se responsabiliser et plusieurs sphères de notre vie où nous pouvons le faire. Prendre la responsabilité de faire nos tâches et payer nos dettes en est une, prendre la responsabilité de nos choix, de leurs conséquences agréables ou désagréables en est une autre, mais la responsabilité dont je souhaite vous parler ici est la responsabilité de notre vécu et de nos émotions.
L’irresponsabilité prend racine
dans l’inconscience de notre vie et de nos mécaniques intérieures,
dans notre ignorance de nos responsabilités envers elles,
et dans nos résistances à en assumer la charge.
Roberto Mayer
Notre responsabilité ne se situe pas seulement dans nos choix et leurs impacts sur nous, sur la relation et les autres. Notre responsabilité se situe également au niveau de ce qui nous amène à faire ces choix d’action ou de réaction.
« Nous ne pouvons travailler notre rapport à la responsabilité sans travailler la relation
que nous entretenons avec nos émotions et avec nos besoins. »
Colette Portelance, Communication authentique p.89
Prendre la responsabilité de notre vie intérieure, c’est prendre conscience qu’il nous incombe d’en prendre soin, d’identifier nos émotions et sentiments, d’écouter leurs messages, d’identifier et prendre en charge nos besoins insatisfaits ainsi que de respecter nos limites et notre territoire et finalement, de mettre les moyens en place pour aller vers la satisfaction.
Notre résistance à prendre nos responsabilités et à en assumer la charge
Lorsque l’on nous remet nos responsabilités entre les mains, il y a souvent un mouvement de résistance. Cela s’explique assez facilement du fait que cela est confortable que nos responsabilités soient prises par les autres. Regardez l’enfant ou l’adolescent auquel on redonne une responsabilité comment parfois il réagit et résiste à la prendre. Pourtant, pour lui comme pour nous, prendre notre responsabilité est le chemin vers notre autonomie et notre liberté, mais cela fait peur, nous sort de notre zone de confort et nous demande des efforts.
L’irresponsabilité, c’est de chercher à l’extérieur de soi
la cause de tout inconfort et de toute solution à celui-ci.
Colette Portelance, Relation d’aide et amour de soi, p.367
Pour nous responsabiliser de notre vie intérieure, nous devons premièrement prendre conscience de cette vie et de ses mécanismes. Prendre conscience de notre vie intérieure demande de s’arrêter, de se mettre à l’écoute de nos sentiments et de nos émotions afin de les identifier et d’en mesurer l’intensité.
« Chaque fois qu'un événement déclenche en nous des émotions désagréables
que nous ne prenons pas le temps de ressentir et d'identifier,
nous réagissons de façon défensive. »
Colette Portelance, Communication authentique p.89
Il y a, ce que nous appelons au SAPPACA, « une mécanique intérieure » qui nous mène à faire des choix, à agir ou à réagir. Cette mécanique est souvent, en tout ou en partie, inconsciente. Ce qui amorce le mouvement de ces engrenages, ce sont les émotions. Il y a une série d’engrenages que nous appellerons « l’engrenage inconscient » et une autre série que nous appellerons « l’engrenage conscient ».